Des douleurs invisibles, d’une violence indicible !
S’il est socialement acquis que les douleurs menstruelles sont normales, il est aussi de coutume de penser que les femmes qui sursoient à leurs obligations professionnelles ou sociales pour cause de dysménorrhées sont, des petites natures dans le meilleur des cas ou font tout simplement du cinéma !
Fort des témoignages reçus et des premiers retours du questionnaire que nous avons administré sur nos supports digitaux, nous avons décidé de partir en quête d’informations sur l’impact des douleurs dans la vie professionnelle des intéressées.
Contrairement à une belle entaille au bras, les dysménorrhées ne se voient pas ! Pourtant pour celles qui en souffrent vivent un véritable calvaire. Selon l'étude anglaise publiée en 2019, l'intensité ressentie des douleurs peut être aussi importante que celle éprouvée lors d’une crise cardiaque.
Alors que dans certaines régions du monde cette période est synonyme de fête des mères symbole de procréation pour d’autres ça sonne plutôt la chronique d’une mort imminente, celle de la vie sociale.
Fini le jean un peu cintré de l’avant-veille , les escarpins vernis et de la veste tendance c’est plutôt, “Que je t’aime ma robe ample, et vous mes précieux antalgiques, quant à toi je ne te quitterai jamais ma bouillotte réconfortante !"
Selon l’étude réalisée par Ipsos et EndoFrance en 2020 dans le cadre de l’enquête EndoVie , pour 62% des femmes atteintes d’endométriose, il est difficile voir presque impossible de se lever pour se rendre au travail en période de crise. Pour autant les dysménorrhées ne concernent pas que les femmes atteintes d’endométriose, mais 80 % de la population féminine et 50% d’entre elles doivent recourir à un traitement médicamenteux pour y faire face.
Face à ses chiffres qui pourraient presque donner le tournis, nous nous sommes donc interrogés sur l’incidence en milieu professionnel. Et comme la littérature française est très peu documentée, nous avons tenté de trouver quelques éléments de réponses chez nos voisins européens.
L'étude récemment publiée dans le BMJ Opena a évalué la perte de productivité associée aux douleurs menstruelles, en comparant le taux d'absentéisme au travail ou à l'école et le taux de présentéisme chez 32.748 femmes néerlandaises âgées de 15 à 45 ans.
Il s'avère que 14% des sondées ont déclaré s'être déjà absentées du travail ou de l'école un peu plus d’un jour pour cause de douleurs menstruelles et pour 3,5% c’est le cas à chaque cycle. De plus l’étude rappelle que les femmes de moins de 21 ans étaient toutefois trois fois plus susceptibles de s'absenter que les femmes plus âgées.
Selon les auteurs, ce sont presque de 9 jours de productivité chaque année qui sont perdus. Lorsqu'on additionne la perte de productivité et des jours de congés pour cause de menstruations douloureuses.
À en croire le 9ème baromètre de l'absentéisme d' AYMING , l'absentéisme est 50% plus élevé chez les femmes que chez les hommes avec une surreprésentation des métiers de services. Il conviendrait sans doute de s’interroger sur la possible relation entre les dysménorrhées et l’absentéisme. D'autant que l'on sait que les femmes ont un niveau d'instruction inférieur à celui des hommes.
Ne serait-ce pas le moment d'envisager une autre prise en charge des dysménorrhées menstruelles afin de limiter la désésinsertion sociale qui participe a renforcer les inégalités hommes/femmes.
L'expérience mis en place depuis avril 2021 par La Scop La Collective , s'agissant du congé menstruel depuis Avril 2021, serait peut être un modèle à suivre.
https://www.endofrance.org/
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